Décret qui manque de cohérence
Il s’agit d’un projet de décret aux enjeux majeurs pour le futur de la transition énergétique en Wallonie. Il fixe les bases tarifaires de ce que seront (ou pas) les réseaux de distribution intelligents de demain.
La Secrétaire générale d’EDORA a pointé le manque de cohérence et de clarté dans les objectifs que souhaite fixer le Gouvernement wallon à travers ce Décret.
Les tarifs doivent en effet « réaliser au mieux les équilibres »entre réflectivité des coûts, développement et optimisation des infrastructures, utilisation optimale des capacités… Et inciter à l’intégration des productions décentralisées, à la gestion intelligente des réseaux, à la gestion active de la demande.
Noémie Laumont a ainsi soulevé la question de l’indispensable hiérarchisation des objectifsinscrits dans le Décret, et donné la vision du secteur renouvelable : les tarifs doivent permettre la gestion intelligente des réseaux de demain, dans un souci de maximisation du bénéfice sociétal.
Intégration « smart » des renouvelables
Sur l’intégration des énergies renouvelables dans le réseau, Noémie Laumont a dénoncé le non-sens du tarif d’injection.
Elle a également pointé l’incohérence entre les signaux tarifaires prévus pour le développement des projets « micro-grids » qui incite à l’autoconsommation locale et la « cascade d’Elia » (principe selon lequel tous les utilisateurs paient le réseau de distribution HT, indépendamment de l’usage qu’ils en font), qui la pénalisent.
Des tarifs capacitaires ET proportionnels
A la difficile question de l’équilibre à trouver entre une juste rémunération des infrastructures des gestionnaires de réseaux, et l’incitation à une gestion intelligente des productions décentralisées, Noémie Laumont a pointé l’ « inutilité » d’un signal forfaitaire, et plaidé pour un juste équilibre entre les termes capacitaire (rémunération au kW) et volumétrique(rémunération au kWh), afin d’inciter notamment les prosumers à l’autoconsommation instantanée.
Pour des tarifs ET un marché « intelligents »
Dans son intervention, Noémie Laumont a pointé l’équilibre délicat à trouver entre les signaux tarifaires et les signaux du marché.
Il faut jouer sur l’ensemble des leviers pour apporter de l’intelligence à tous les étages du paysage énergétique : tant sur le marché, en rendant possible la réponse aux signaux prix, et la rémunération de la flexibilité (au niveau des productions, des consommations et du stockage). Que sur les tarifs régulés,par des signaux tarifaires ‘dynamiques’.
Noémie Laumont a ainsi plaidé pour des tarifs « intelligents » et dynamiques qui ne seront possibles qu’avec un comptage « intelligent ».
Modernisation des réseaux sous le prisme du « social welfare »
A la question du savoir combien coûtera cette évolution vers des réseaux plus intelligents, Noémie Laumont a rappelé la nécessité de prendre les décisions en gardant comme fil rouge l’objectif de maximisation du « social welfare ». La simple minimisation à court-terme de la facture du consommateur final, ou la garantie de revenu des gestionnaires de réseaux ne peuvent pas ainsi être le seul but recherché.
Il faut mener une réflexion globale sur le système énergétique wallon, pour viser un triple optimum : socio-économique, énergétique et environnemental. Pour cela, des objectifs clairs sont nécessaires de la part du Gouvernement wallon.
Un Décret qui ouvre la voie…
Le Parlement wallon devra prochainement se prononcer sur le projet du Décret. Il aura la lourde tâche de voter des lignes directrices tarifaires, qui détermineront la politique énergétique de la Wallonie dans les prochaines années.
EDORA suivra de près ce processus législatif qui ouvrira la voie à l’élaboration, beaucoup plus concrète, de la méthodologie tarifaire. Elle invite le Parlement wallon à en faire de même.
Le compte-rendu intégral des auditions est disponible en ligne…
- MM. François et Duflot de l’ASBL TPCV
- MM. Deblocq et Vanden Bosch de la FEBEG
- Mme Laumont d’EDORA
- M.Heyse de RESA
- M.Grifné d’ORES
- M.Ghigny, de la CWaPE
- M.Ernst, de l’ULg